Semis
La multiplication végétative, comme le bouturage, est la technique la plus utilisée pour propager les plantes mais on peut aussi pratiquer la multiplication sexuée grâce au semis. Cela apporte un brassage génétique et permet souvent de faire des plantes plus solides.
Même si cela peut être un peu délicat en intérieur, c’est une expérience très enrichissante qui nous donne la possibilité de voir grandir une plante à partir de la naissance, tout en observant les différentes étapes de sa vie.
Les règles de base
Le plus important est d’essayer de donner les meilleures conditions possibles le temps de la germination mais aussi pendant la croissance des jeunes plantules. C’est une étape délicate qui demande beaucoup de lumière et de chaleur. La saison idéale se situe donc à la belle saison où les conditions sont adéquates sans matériel particulier. Hors de ce champs-là, il faudra pallier avec un éclairage horticole et un tapis chauffant mais il faut avoir en tête que cela ne règle pas tous les problèmes. Même avec du matériel professionnel, le semis hors saison reste aléatoire et parfois compliqué. Alors que même dehors en plein été, tout germe très facilement et grandit vite !
Pour le substrat, il faut plutôt s’orienter vers quelque chose de fin et de drainant comme un mélange de tourbe et de perlite ou même de sable. Le contenant sera selon les préférences de chacun et sa façon de cultiver. Cela peut être de petits pots individuels ou une grande terrine. Dans tous les cas, le substrat devra être maintenu humide mais sans excès. Pour aider à activer la germination, il peut être intéressant de confiner les semis en ajoutant un carreau de verre sur la terrine par exemple ou en utilisant une petite serre. Mais attention à la ventilation qui doit être journalière pour éviter l’apparition de champignons comme le pythium.
Même après la germination, il faut surveiller scrupuleusement l’arrosage car les plantules ont de petites racines fragiles. Quand les premières vraies feuilles seront apparues, il faudra repiquer les plantes en les individualisant puis les rempoter régulièrement pour soutenir la croissance car les jeunes végétaux ont des besoins plus importants que les plantes adultes. D’ailleurs, c’est aussi valable pour l’arrosage. Souvent les semis ont des besoins supérieurs en eau que les plantes plus âgées car ils n’ont pas de réserves.
Viabilité des semences
Certaines graines doivent être semées très rapidement après la récolte car le taux de germination diminue très vite. C’est le cas des Aracées par exemple. A l’inverse, d’autres graines se conservent très longtemps. Mais le mieux reste de semer rapidement les graines pour mettre le maximum de chances de notre côté.
Pour le stockage, l’idéal est un sachet en papier dans un local frais dont la température est stable. Les semences peuvent aussi être entreposées dans un frigo.
Suivant leur origine géographique, certaines graines doivent subir un traitement particulier pour activer la germination (stratification, brûlage, scarification…) mais ce sont des exceptions dans le règne végétal. La plupart germent très bien sans intervention aucune.
Pour éviter tout problème, et cela peut arriver assez vite avec des semis, il est préférable de ne semer qu’une petite partie des graines à chaque fois pour se garder une réserve.
Pollinisation
Il est assez facile de se procurer des graines de plantes tropicales dans le commerce ou sur internet mais il est aussi intéressant de faire ses propres semences en utilisant les floraisons de sa jungle.
Sauf quelques exceptions, la plupart des plantes tropicales se pollinisent facilement à la main car nous n’avons hélas pas les insectes pollinisateurs en intérieur. Pour cela, il suffit d’utiliser un petit pinceau pour recueillir le pollen et l’amener sur la partie femelle de la fleur. Encore plus simplement, il est aussi possible de frotter deux fleurs ensembles comme pour le Spathiphyllum.
Pour les Aracées ou les Broméliacées, l’utilisation de sphagnum pour le semis est une bonne alternative car elle permet de garder une humidité intéressante et stable pour ce type de semis délicat sans excès d’arrosage.
Certaines plantes présentent des fleurs mâles et des fleurs femelles sur le même pied (plantes monoïques) ou sur des plantes différentes (plantes dioïques). C’est à prendre en compte pour réussir certaines pollinisations comme chez les bégonias par exemple.
Chez certaines Aracées, tout se trouve sur la même inflorescence mais le pollen arrive en décalage pour éviter une autofécondation. Dans ce cas, il faut récolter le pollen et le stocker au frigo en attendant que la partie femelle arrive à maturité. Chez certaines plantes, il faudra plusieurs pieds pour qu’une pollinisation soit possible.
Attention pour les orchidées car les graines sont tellement petites qu’elles nécessitent une technique particulière pour germer et elle est fastidieuse à mettre en place en intérieur.
ATTENTION
- les plantes panachées ne gardent pas leurs variégations avec le semis mais elles retournent au type et germent vertes
- la grande majorité des graines d'orchidées doivent être semées sur une gélose en milieu stérile (in vitro)
Dans cette partie, vous trouverez divers exemples de semis avec plusieurs techniques suivant la taille des graines ou encore le type de plantes. Le principe est à peu près toujours le même mais quelques astuces permettent de réussir au mieux certaines germinations en utilisant le bon substrat mais aussi en prenant en compte l'ordre des différentes étapes.
Le semis de grosses graines
Cela concerne par exemple les graines de baobab (Adansonia), Coffea, Musa, Strelitzia, Marantacées, Clivia, les graines de palmiers, ect...mais aussi les noyaux comme les litchis, les avocats ou les mangues qu'il faut semer directement en terre comme n'importe quelle graine.
Si elles ne sont pas fraiches, il peut être intéressant de les faire tremper quelques heures dans l’eau pour ramollir l’enveloppe et favoriser la germination.
Il faudra les enterrer d’autant que leur taille.
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Semis de caféier (Coffea arabica)
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Semis d'Asparagus
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Semis de noyaux de mangue
Le semis de petites graines
Elles n’ont pas besoin d’être recouvertes de substrat donc il faudra les déposer sur le dessus du mélange après l’avoir préalablement humidifié pour qu’elles y adhérent. Il faut être vigilant à ne pas trop serrer les graines lors du semis mais à bien les répartir pour ne pas qu’elles se gênent après la germination.
Le principe est donc le même que précédemment pour les grosses graines sauf qu'il faut tasser et arroser la terrine avant le semis. C'est juste l'ordre des étapes qui diffère.
Par contre, vu la taille des graines, il est difficile de bien les espacer pour qu'elles aient assez d'espace pour se développer correctement après la germination. Contrairement à des grosses graines, il faudra donc rapidement les repiquer dans un nouveau substrat pour les distancer suffisamment pour la suite de la croissance avant de les individualiser lorsqu'elles seront plus fortes. C'est une étape délicate mais indispensable !
Le semis sur sphaigne
Pour certaines plantes délicates, il peut être intéressant d’utiliser la sphaigne pour maintenir une humidité stable mais sans excès. Personnellement, j’utilise ce substrat pour le semis des Aracées, des Broméliacées et de certaines plantes de terrarium.
Même si ces plantes ne sont pas cultivées dans du sphagnum à la base, il est possible de l’utiliser juste le temps du semis et de repiquer les plantes dans un substrat classique après.
Attention, ce substrat doit rester humide mais surtout il a besoin de chaleur pour fonctionner correctement.
Le semis de fougères
Comme ce sont des plantes primitives, elles n’ont pas de graines mais des spores.
C’est le même principe que pour le semis de petites graines sauf qu’il faut semer très dense en recouvrant complètement le substrat de spores.
Par contre, l’humidité est recherchée plus que pour un semis traditionnel donc il ne faut pas retourner le carreau et le dessus du substrat ne doit jamais sécher.