Le potager
Le potager est une de mes passions dans le monde végétal donc je tenais à dédier quelques pages sur le site internet même si ce n’est pas le sujet initial. C’est aussi une façon de partager avec vous un quotidien différent dans les plantes mais qui rejoint par de nombreux points la jungle intérieure.
Ces quelques pages sur la culture des légumes se veulent le reflet de mon humble expérience sur une petite parcelle cultivée dans l’Essonne sans produits chimiques mais avec beaucoup d’enthousiasme et surtout une envie de continuer à apprendre ! Cette aventure me donne l’occasion de retrouver des souvenirs d’enfance et un ancrage dans la vraie vie mais aussi un certain besoin d’autonomie dans une société qui va de plus en plus vite.
Je souhaite juste vous transmettre quelques bases pour débuter un petit potager dans de bonnes conditions avec les éléments qui me semblent les plus importants. A vous ensuite de faire le reste du chemin avec votre propre expérience…
Les basiques à savoir
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Il est important de prendre soin de son sol en apportant régulièrement du compost, voire de l’engrais organique pour les cultures très gourmandes. Pour simplifier, on redonne à la terre ce qu’on lui a pris sur la culture précédente.
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Il est aussi indispensable de couvrir son sol dès que possible pour le protéger des intempéries et activer la microfaune. Cela permet aussi de diminuer le désherbage et d’espacer les arrosages. Mais attention car ce n’est pas un dogme ! Suivant la nature du sol, il peut être contreproductif de pailler pour les semis ou certaines cultures sensibles à l’humidité comme les oignons et les poireaux. Pour cela, on peut utiliser de la paille, du foin, de la tonte, des feuilles mortes…enfin, ce que l’on a à disposition.
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Le travail du sol n’est pas indispensable entre chaque culture. Cela dépend de plusieurs paramètres. Au printemps et avant certaines cultures, il peut être intéressant de passer la grelinette mais ce n’est pas une obligation et c’est à adapter suivant chaque potager.
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Pour l’entretien, il vaut mieux faire de petites cessions régulièrement que de grosses actions espacées. Cela permet de suivre plus facilement ce qu’il se passe au potager sans rendre le travail pénible.
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La plupart des légumes demandent beaucoup de lumière donc il vaut mieux avoir une parcelle sans trop d’obstacles autour pour maximiser l’apport du soleil. Cela est bien sûr à adapter suivant la région.
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Concernant l’arrosage, le plus efficace reste d’arroser copieusement puis d’attendre quelques jours entre les apports d’eau même en cas de fortes chaleurs. Par contre, une jeune plante demande plus d’eau qu’une plante adulte.
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Même si c’est compliqué à mettre en place sur une petite parcelle, la rotation des cultures est importante car elle permet d’éviter des problèmes sanitaires sur les légumes et ce n’est pas négligeable. Il faut donc éviter de mettre à la suite des plantes de la même famille botanique.
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Il est vraiment nécessaire de planter des plantes fleuries annuelles ou vivaces autour des légumes pour attirer les pollinisateurs mais aussi pour favoriser les auxiliaires.
Un peu de vocabulaire...
Butter : ramener de la terre au pied de certains légumes pour améliorer le rendement.
Éclaircir : opération qui consiste à supprimer de jeunes semis pour laisser de la place aux autres.
Habiller : action d'enlever une partie des racines et du feuillage sur des jeunes plants avant la plantation pour les fortifier.
Comment commencer un potager ?
Le mieux est de commencer par lister les légumes qu’on préfère consommer puis de faire un plan de sa parcelle pour essayer de répartir les cultures tout en pensant aux allées pour circuler. Le plus important est de commencer petit puis de développer au fur et à mesure le nombre de légumes qu’on cultive. Concernant les quantités, c’est un ajustement permanent suivant la place dont on dispose, ses préférences mais aussi les aléas climatiques. C’est aussi le moment de se faire un planning des semis et des différentes tâches importantes qu’il faudra réaliser dans l’année.
Cette préparation peut paraitre un peu rébarbative mais elle permet d’éviter plusieurs erreurs et de gagner du temps en ayant une vision d’ensemble.
Sur le terrain, il faudra commencer par réaliser les allées et les massifs, enfin toute la structure générale du potager pour ensuite affiner et débuter les cultures de légumes.
Plan simplifié de mon potager pour l'été 2021...ce plan évolue bien sûr au fil des saisons et des évènements sur la parcelle.
Les maladies et les parasites des légumes
Comme pour la culture des plantes d’intérieur, je trouve regrettable d’utiliser des produits chimiques à l’heure actuelle et encore plus quand il s’agit de produire des légumes pour se nourrir. Surtout que ça fonctionne très bien sans !
Dans mon potager, je n’interviens que très rarement et cela ne m’empêche pas d’avoir des belles récoltes. Il faut savoir accepter aussi que tout ne peut pas être parfait et que nous sommes dépendants des aléas climatiques. Mais en prenant soin de son sol et en accueillant la biodiversité, il est tout à fait possible d’avoir de beaux légumes sans intervention même avec des produits naturels.
La seule action que je fais régulièrement est d’enlever les feuilles attaquées par une maladie et ça suffit la plupart du temps. Le plus important reste d’essayer d’avoir les meilleures conditions possibles pour cultiver ses légumes ! Et en respectant quelques règles simples comme la rotation des cultures ou de rendre le potager accueillant pour les auxiliaires, il n’est absolument pas nécessaire de réaliser des traitements même bio sur ses légumes.
Voyons ensemble quelques maladies et ravageurs des cultures potagères qui sont les plus courants mais qui ne posent pas plus de problème que ça tant qu’on essaye d’avoir un équilibre dans son potager ; ce sont en fait des symptômes et non le problème de base.
Oïdium
C’est un champignon qui se développe sur le feuillage des plantes avec un feutrage blanc typique qui s’étend de plus en plus. Sa présence est souvent due à un manque d’eau donc la meilleure prévention reste d’être attentif à l’arrosage. La suppression des feuilles atteintes peut aussi limiter sa propagation. Cette maladie arrive aussi à la fin du cycle de vie de certains légumes comme la courgette et dans ce cas, il n’y a rien à faire car cela signe la fin de la productivité du pied.
Mildiou
C’est un champignon se développant principalement sur les tomates et les pommes de terre mais il existe de nombreuses espèces qui peuvent aussi s’attaquer aux oignons par exemple. Dans les régions souvent attaquées, la culture sous abris peut être une solution comme le traitement à la bouillie bordelaise mais attention car ce produit a un impact nocif sur la vie du sol et doit donc être utilisé le moins possible. Il est important de tailler les parties atteintes et de conserver des distances importantes entre les pieds pour favoriser une bonne aération.
Pucerons
Ce sont de petits insectes de couleur variable qui se développent en colonies souvent à l’extrémité des pousses sur de nombreux légumes. Leur présence indique un stress de la plante lié à différents paramètres mais si des auxiliaires sont en place dans le potager, la population de ravageurs sera rapidement contenue sans dégâts notables sur les légumes. Il ne faut pas hésiter à aller chercher des larves de coccinelles pour les ramener sur les plantes infestées. Il existe aussi des pucerons des racines qui peuvent se développer sur les carottes et les salades.
Gastéropodes
Les limaces et les escargots peuvent faire des dégâts assez importants sur de jeunes plantes donc une surveillance accrue à la plantation est importante. Le ramassage est la seule solution donnant de bons résultats. On sait aussi qu’un plant cultivé dans de bonnes conditions sera moins attirant qu’une plante chétive ou forcée en serre par exemple.
Rouille
Ce champignon de couleur orange est assez répandu sur les poireaux par exemple et profite d’un climat humide pour se développer sur les feuilles des plantes. Un nettoyage des parties atteintes suffit généralement à limiter l’infestation et ne porte pas préjudice à la récolte. Il est important d’offrir une place ensoleillée et la moins humide possible pour les cultures sensibles à ce champignon.
De nombreux autres insectes peuvent se retrouver sur les légumes mais sans impact sur les récoltes si le jardin est équilibré. Il ne faut pas oublier que la plupart des insectes ne sont pas nuisibles aux plantes ! Au contraire, plein d’insectes sont très utiles au jardin et agissent sur la pollinisation mais aussi sur la régulation des ravageurs.
Calendrier des semis
Il est indispensable de s’organiser au potager pour pouvoir avoir des récoltes étalées mais surtout pour respecter le cycle de croissance des légumes. Plus que tout ailleurs, les dates ont beaucoup d’importance !
Pour m’aider, j’ai donc réalisé un calendrier avec toutes les actions importantes pour les légumes que je cultive. Il n’est pas toujours facile de s’y tenir mais cela permet d’avoir une vision d’ensemble des choses à faire et cela donne un bon support pour avancer. Il faut essayer de le respecter au maximum…
Calendrier des semis
(il est bien sûr à adapter à votre région et il faut aussi prendre en compte le choix des variétés selon la saison)
Un peu d'autonomie...
Quand on cultive un potager, on est toujours en recherche d’une certaine indépendance. Même si c’est difficile d’être totalement autonome, il est possible d’agir facilement sur certaines facettes comme les semences par exemple. En effet, on peut récupérer facilement les graines de certains légumes pour faire ses propres semis d’une année à l’autre. Pour commencer, le plus simple est la tomate mais d’autres plantes permettent cela comme les salades, les radis, les haricots ou encore les concombres. Il faut juste être sûr que c’est une variété reproductible et non un hybride F1. Il faut aussi avoir en tête que cela prend une certaine place le temps que la plante finisse son cycle.
Quelques remarques concernant les autres légumes :
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Pour les concombres, il faut que le fruit soit très mature donc il faut attendre que celui-ci soit d’une belle taille et qu’il commence à jaunir sinon les graines ne seront pas viables.
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Pour les autres Cucurbitacées, il vaut mieux éviter de récupérer les graines car le risque d’hybridation est vraiment trop important sur une petite surface. Cela peut même être dangereux s’il y a des coloquintes à proximité par exemple.
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Concernant les haricots verts, il suffit de laisser les gousses trop grosses lors de la récolte et d’attendre qu’elles sèchent sur pied pour récupérer les grains.
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Pour les petits pois, il est possible de prendre une partie de la récolte même qui a été congelée pour l’utiliser pour faire un prochain semis.
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Pour les salades, je trouve que le mieux est de laisser grainer quelques pieds en fin de saison et de laisser faire la nature. Il suffira alors de déplacer les petits plants qui auront germés tout seul.
Pour commencer, il est possible de réaliser des échanges avec des proches ou sur les réseaux sociaux mais il existe aussi de nombreux petits producteurs qui offrent un catalogue intéressant de graines avec des variétés fort sympathiques comme La ferme de Sainte Marthe ou encore l’association Cultive ta rue pour les tomates.
Vous pouvez télécharger un montage des différentes étapes présentées ci-dessus au format pdf pour l'avoir toujours sous la main !
Mon potager actuel
Après un arrêt de quelques années, je cultive une parcelle de 70m² au sein d’une association dans l’Essonne depuis plusieurs saisons. Les parcelles sont protégées par des haies variées et à proximité, il y a une forêt ainsi qu’un rucher. La surface est assez limitante en terme de place pour certaines cultures donc j’ai dû faire des choix et écarter les légumes qui sont trop imposants ou qui demandent un trop grand espace. Par contre, le sol est plutôt bon même si un peu argileux. Il suffit juste d’être vigilant en hiver en ne paillant pas certaines cultures comme les oignons ou les poireaux, voire de les cultiver sur buttes pour les plus sensibles à l’humidité. Au printemps, il est aussi important d’enlever le paillage sur les parcelles qui vont être utilisées en premier pour que la terre se réchauffe plus vite.
De base, mon potager dispose d’une cuve de 1000 litres et d’un cabanon. C’est assez peu en cas d’année sèche donc j’ai décidé d’ajouter d’autres éléments pour stocker l’eau de pluie au gré des récupérations possibles ou des bonnes affaires. Concernant le cabanon, attention à l’ombre qu’il fait suivant la saison car cela peut être pratique en été pour avoir une partie plus ombrée pour les cultures sensibles au soleil mais c’est l’inverse en hiver où il veut mieux éviter d’y mettre des cultures.
Malgré la petite surface, c’est plutôt productif avec plus de 120 Kg de légumes divers produits en 2022 malgré une année compliquée avec des périodes de canicule et surtout un manque d’eau chronique. Et bien sûr, sans aucun traitement même naturel ! Du coup, on est presque autonome avec mon chéri pour nos légumes. C’est beaucoup de travail tant sur le terrain qu’en cuisine mais c’est intéressant au niveau qualité et aussi financièrement.
L’idée est que cela coute le moins cher possible donc beaucoup des matériaux utilisés sont de la récupération comme de vieilles tuiles ou des restes de carrelage pour faire des bordures mais aussi des produits d’occasion. Pour les plants, j’essaie au maximum de les faire moi-même mais je me fournis aussi auprès de petits producteurs aux alentours.
Le potager au fil des mois
Pour essayer de vous apporter une vision plus large des différentes étapes dans la production de légumes sans tomber dans un déballage encyclopédique, prenons l’exemple de mon petit potager et suivons son évolution chaque mois pendant une année.
Certaines périodes sont plus calmes et d’autres fourmillent d’activités en tout genre mais le plus important reste d’être régulier et d’étaler les différentes tâches pour que cela reste un plaisir !
Vous pouvez retrouver ce contenu sur la page dédiée ICI. ( en cours de construction )
Bibliographie
Pour continuer à apprendre ou répondre à des questions qu’on se pose à certains moments, je trouve qu’il est indispensable de se constituer une bibliothèque avec différents ouvrages. Même à l’heure du tout numérique, rien ne remplace les bons vieux livres !
D’ailleurs, il ne faut pas hésiter à relire certains passages ou reprendre des lectures pendant la mauvaise saison. C’est toujours l’occasion de découvrir de nouvelles choses ou de compléter certaines expériences de terrain.
Voilà une sélection des bouquins qui ont accompagnés mon aventure potagère depuis plusieurs années :
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« Le guide du jardin bio » de Jean-Paul Thorez aux éditions Terre Vivante
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« Se nourrir de son jardin, une année au potager permaculturel » de Charles Hervé-Gruyer chez Ulmer
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« Compost et paillage au jardin » de Denis Pépin aux éditions Terre Vivante
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« Auto-suffisant ou presque » de Guylaine Goulfier chez Ulmer
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« Dictionnaire Vilmorin des plantes potagères » plusieurs éditions disponibles
Mais aussi une chouette revue à feuilleter toute l'année : "Les quatre saisons du jardin bio" réalisée par Terre Vivante.